Il s’appelait Mike Postle. Un joueur de poker comme tant d’autres. Sauf qu’à la table, il gagnait… toujours. À un point tel qu’on l’appelait le « Dieu du poker ». Ses victoires enchaînées défiaient les lois du hasard. Plus fort encore ? Il aurait eu plus de chances de remporter dix fois d’affilée au loto que d’accomplir ce qu’il a fait.
Jusqu’au jour où quelqu’un a osé briser le silence.
Une ascension tranquille… jusqu’à la gloire
Mike commence à jouer au poker très jeune. À 4 ans, il distribue déjà des cartes. Plus tard, il deviendra même croupier, avant de passer de l’autre côté du tapis. Il commence à se faire connaître en 2005 au casino de Tunica, lors du très prestigieux tournoi No Limit Hold’em des World Series of Poker. Il termine 37e sur 850 joueurs.
Rien d’incroyable, mais il continue à faire parler de lui. En 2006, il empoche 16 440 dollars. En 2007, c’est le jackpot : 118 743 dollars dans un tournoi à 1 500 dollars l’entrée. Son plus gros gain à ce jour. Au fil des années, il enchaîne les petites victoires, accumule près d’un demi-million de dollars et vit du poker, tout simplement.
Un joueur parmi tant d’autres
Jusqu’en 2010, Mike Postle est un joueur de poker comme les autres. Plutôt discret. Classé 4500e mondial. Pas une superstar. Mais sa vie change lorsqu’il déménage à Sacramento, en Californie, pour la naissance de sa fille Annabella. C’est là qu’il commence à fréquenter le casino Stones Gambling Hall.
Et c’est là que tout bascule.
Le casino qui l’a fait Dieu
Mike devient une star locale des parties filmées en direct par le casino. Des centaines de spectateurs le regardent jouer. Et à chaque main, c’est du génie : décisions parfaites, intuition infaillible, bluffs déjoués au millimètre.
Les commentateurs s’enflamment. L’un d’eux va jusqu’à dire : « C’est Jésus à une table. » Il devient une légende vivante. On le surnomme bientôt « le Dieu du poker ». Les parties sont renommées… les « Postlemania ».
Mais dans l’ombre, une voix commence à douter.
Le grain de sable : Véronica Brill
Véronica Brill, commentatrice et ancienne joueuse, commence à avoir un mauvais pressentiment. Les coups de Mike sont trop bons. Trop systématiques. Trop… étranges.
Et si Mike trichait ?
Les tables sont équipées de capteurs RFID pour retransmettre les cartes en direct aux spectateurs. Elle imagine un scénario : et s’il avait trouvé un moyen d’y accéder ?
Elle alerte le directeur du casino. Réponse sèche : « Il est juste trop fort, tu ne comprends pas son jeu. »
Alors elle prend un risque énorme : elle rend l’affaire publique.
Le coup de trop
Véronica publie ses doutes sur Twitter. Une vidéo en particulier déclenche la tempête. Lors d’une main, un joueur avec un jeu extrêmement fort abandonne de manière totalement incompréhensible. Comme s’il connaissait à l’avance les cartes de Mike. Et il avait raison : Mike avait exactement la combinaison gagnante.
La vidéo devient virale. Le doute n’est plus permis.
Les stats qui tuent
Les experts se penchent sur le cas Postle. Les chiffres font froid dans le dos : Mike a gagné 75 des 88 parties analysées. Soit un taux de victoire de 85 %. Il a remporté 250 000 dollars en 250 heures, soit 1 000 dollars de l’heure.
Un exploit qui dépasse tout ce que les probabilités jugent possible. C’est plus de 11 fois les chances de gagner à la loterie Powerball… d’affilée.
Le poker est un jeu de hasard maîtrisé. Pas un script.
Comment a-t-il triché ?
Plusieurs théories émergent :
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Le téléphone : il aurait regardé le live, affichant les cartes de ses adversaires, directement sur son smartphone posé entre ses jambes.
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L’oreillette à conduction osseuse : dissimulée sous sa casquette, elle lui permettait d’entendre quelqu’un lui souffler les cartes en temps réel, sans que personne ne l’entende.
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Les complices : un technicien du direct ou même le directeur du casino auraient pu lui transmettre les infos via la régie.
Une enquête collective se met en place. Des forums, des YouTubers, des dizaines d’heures d’analyses… Le scandale enfle.
Mais pas de preuve irréfutable
Malgré les indices accablants, il n’y a pas de preuve formelle. Pas de caméra le prenant la main dans le sac. Les plaintes des 24 premiers joueurs sont rejetées. Puis celles de 60 autres. Pourquoi ? Parce qu’en Californie, les pertes aux jeux ne sont pas considérées comme des dommages recevables devant un tribunal.
Mike Postle reste donc… officiellement innocent.
Le coup de bluff judiciaire
Mieux encore : il attaque en diffamation plusieurs stars du poker, dont Daniel Negreanu et Phil Galfond, ainsi que la chaîne ESPN. Il réclame… 330 millions de dollars. Mais son procès capote. Il se retire, laissant une ardoise à ses opposants. Résultat : il est condamné à payer des frais juridiques, notamment à Véronica Brill.
Et maintenant ?
Mike Postle continue de jouer. Sous un faux nom, bien sûr. Récemment aperçu à Biloxi, dans le Mississippi, il a atteint la table finale. Mais les joueurs ne l’oublient pas. L’un d’eux l’a humilié volontairement, disant : « C’est pour toutes les fois où tu as triché. »
Aujourd’hui, il reste l’un des noms les plus controversés de l’histoire du poker.
Une chose est sûre : Mike Postle a changé le poker à jamais.
Ce scandale a montré à quel point un joueur peut manipuler un système, même dans un lieu hyper surveillé. Le poker est un jeu de bluff… mais parfois, le plus grand bluffeur est celui qu’on ne soupçonne pas.