C’est le 7 février 2025, et Macao s’impose plus que jamais comme la capitale mondiale du jeu et des loisirs. À seulement 30 kilomètres carrés, cette petite région administrative spéciale sous l’autorité chinoise est devenue un véritable eldorado pour les amateurs de jeux d’argent et de divertissements en tous genres. Avec un chiffre d’affaires annuel de 50 milliards d’euros, dix fois celui de Las Vegas, Macao attire chaque année 30 millions de visiteurs, autant que Paris. Pourtant, cette réussite cache des contrastes frappants entre richesse ostentatoire et pauvreté extrême. Plongeons dans cet univers fascinant et contradictoire.
Un empire du jeu en pleine expansion
Autrefois colonie portugaise pendant 400 ans, Macao a su se réinventer. En 1847, pour contrer la croissance de Hong Kong, les Portugais ont eu l’idée de développer une industrie interdite ailleurs en Asie : le jeu. Désormais, les casinos de Macao sont devenus des temples du pari, attirant des joueurs du monde entier, notamment des Chinois du continent, pour qui les jeux d’argent sont interdits chez eux. Ces établissements génèrent 75 % des ressources de la région, et leur succès ne cesse de croître.
L’un des plus emblématiques est le Vénétian, une réplique de la ville italienne de Venise, mais en trois fois plus grand. Ce complexe pharaonique se revendique non pas cinq mais six étoiles. Il propose des divertissements pour tous les goûts : 3 000 suites, 500 magasins chics, restaurants gastronomiques où les chefs manipulent même des feuilles d’or… Le vénétian est un véritable microcosme du luxe et de l’exubérance.
Les coulisses des casinos
Derrière l’éclat des néons et le tintement des machines à sous, les casinos de Macao cachent aussi un visage plus sombre. Les salles de paris, aussi vastes que plusieurs terrains de football, sont le théâtre de drames humains où des requins prêteurs rôdent pour piéger les joueurs malchanceux. Ces usuriers avancent de l’argent à des taux prohibitif, piégeant ainsi de nombreux parieurs.
Die, patron d’une agence de voyage en Chine continentale, en a fait l’amère expérience. Accro au jeu, il a contracté un prêt auprès d’un prêteur requin, et se retrouve aujourd’hui pris à la gorge par des dettes qu’il ne parvient pas à rembourser. En dépit de ses pertes, il persiste à croire qu’il se refera, alimentant ainsi encore davantage le cycle infernal du jeu.
Une société contrastée
Le boom économique de Macao a également entraîné une flambée des prix de l’immobilier. Les loyers ont explosé, créant de nombreux laissés-pour-compte. Paul Pun, directeur de l’association Caritas, souligne que le gouvernement local doit réagir pour éviter un désastre social. Les habitants de la région ne paient pas d’impôts, et le gouvernement leur verse même une prime annuelle de 700 €. Cependant, cela ne suffit pas à compenser la hausse vertigineuse des loyers.
Ainsi, des familles, comme celle de cette veuve vivant dans un appartement exigu avec ses deux filles, peinent à joindre les deux bouts. En trois ans, leur loyer est passé de 300 à plus de 1 000 €, les forçant à envisager de quitter le centre pour un logement social éloigné.
Le revers de la médaille
Macao est également le théâtre d’une réalité moins glorieuse : celle de la prostitution. L’industrie du sexe prospère ici, avec des établissements contrôlés par les triades, les célèbres mafias asiatiques. Bien que la prostitution soit légale à Macao, ces activités soulèvent des questions morales et éthiques. Des clubs de strip-tease aux maisons closes déguisées en saunas, l’offre est vaste et variée.
Irène, la propriétaire d’un club, explique que la majorité des danseuses sont d’origine russe, les Chinoises étant moins enclines à se dénuder en public. Ces établissements génèrent des profits phénoménaux, mais soulignent une fois de plus les inégalités profondes qui caractérisent cette société.
Un espace de rêve et de spectacle
Au-delà du jeu et de la débauche, Macao se veut aussi capitale du spectacle. Un exemple emblématique est le « House of Dancing Water », une production grandiose qui mêle acrobaties, danse et cascades aquatiques, dans un théâtre spécialement construit pour l’occasion.
Thomas, un ancien champion de gymnastique, et Charlotte, danseuse classique, font partie des 80 artistes recrutés pour ce show spectaculaire. Leur vie à Macao est rythmée par les répétitions et leurs performances époustouflantes. Ils vivent leur rêve dans un environnement de travail unique et exigeant.
Un melting pot culturel
Malgré ses contradictions, Macao reste un fascinant melting pot culturel. Avec ses influences portugaises et chinoises, la ville conserve des charmes méconnus, tels que ses églises baroques, ses ruelles pavées et ses azulejos. Classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, Macao offre un visage inattendu aux visiteurs prêts à s’aventurer au-delà des casinos.
Ce brassage se reflète aussi dans les divertissements proposés. Les spectacles, comme celui du Vénétian, allient musique mongole et décors vénitiens, pour le plus grand plaisir d’un public chinois avide d’exotisme et de luxe.
Conclusion
Macao, en ce début 2025, incarne la démesure et les contradictions du monde moderne. Capitale mondiale du jeu et des loisirs, elle attire les regards et attise les convoitises. Mais derrière l’éblouissement des lumières se cachent aussi des réalités plus sombres : dépendance au jeu, inégalités sociales et exploitation. Pourtant, pour ceux qui savent regarder au-delà des apparences, Macao reste un lieu unique, riche de son histoire métissée et de son bouillonnement culturel.
Ainsi, alors que la ville continue de se développer et d’attirer toujours plus de visiteurs et de capitaux, il est essentiel de ne pas perdre de vue les défis sociaux et éthiques qui se posent. Macao devra trouver un équilibre entre croissance économique et justice sociale pour garantir un avenir durable à ses habitants, tout en continuant de faire rêver le monde entier par ses spectacles et ses divertissements.